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Reflexions existentielles
9 janvier 2006

Pic Pockets

Par expérience, j'ai appris qu'il vallait toujours mieux avoir l'air d'en savoir moins que les autres. Quitte à passer pour une imbécile, les gens délivrent plus facilement leur confiance à un interlocuteur qu'ils considèrent "innocent". Loin de moi de trouver ça toujours grattifiant, j'avoue qu'il est intéressant d'analyser le comportement de gens sur lesquelles on applique cette théorie. Théorie que je mets en pratique essentiellement sur mon lieu de travail, bien évidemment. Et à force de me lier plus ou moins avec un certain groupe de personnes, à rester squatter le terrain en fumant des clopes et buvant à la santé de guy aprés la close, à discuter de tout et de rien et surtout du boulot, on finit inévitablement par toucher certains sujets plus sensibles que d'autres. Et c'est là que ma théorie se révéle trés pratique; non seulement j'en apprends toujours un peu plus sur le monde de mon travail, des détails de deci delà qui par accumulation peuvent se révéler utiles mais de plus, plus je les regarde les yeux en billes de loto, l'air de tout gober à fond (nan, sans déc?), plus ils m'en rajoutent. Hier soir, d'ailleurs fût surprenant et trés instructif. J'avais fini de faire le sol et je me suis installée dans la salle avec mon manager et la copine d'un collègue qui, lui, finissait la cuisine à ce moment. Je me crâmais une clope tandis qu'on discutait des caisses, de bénéfices, de D qui piquait dans les caisses et qui allait se faire griller à force de le braîller partout. Mon manager me racontait que ce dernier s'était fait prés de 180 euros, un soir, avec sa combine. Les collègues qui piquent dans les caisses, m'en fous! Mon patron, je le porte pas specialement dans mon coeur et vu ce qu'on est payé, j'estime que c'est presque normal. Et pis si ils ont envie de prendre des risques, c'est leur problème, j'irais pas balancer pour autant. Seulement je voulais savoir comment ils faisaient, par curiosité. Mon manager et C. rigolent, "toi aussi, tu le feras un jour! Tout le monde le fait un jour ou l'autre". Non pas moi, je pourrais pas; sentir les tunes dans ma poche tout en sachant qu'autour de moi se trouvent des gens qui sont potentiellement des balances, nan j'pourrais pas. A la limite le geste est même répugnant et puis là, se faire griller sur un coup pareil et c'est le supplice des regards de managers qui tuent, la discussion avec guy dans le bureau, dans le pire le renvoi, dans le mieux la cuisine à vie. Sans parler de mon image que je dois préserver, la gentille fifille qui bosse bien et dur. Mon manager m'a alors demandé qui je soupçonnais de subtiliser sa prime directement dans les caisses et plusieurs noms ont été balancé (j'en sais des choses à force de fréquenter un manager) et il m'a demandé si je le suspectais à lui. Direct, j'aurais mis ma main à couper que non, bien sûr que non! Toi M. qui est la fierté de guy, toi qui bosse si bien, toi qui aime ton boulot et qui veut y évoluer, jamais. Et c'est à ce moment, mes chers que la conclusion comme quoi je bernais magnifiquement mon petit monde (et que parfois il me bernait aussi) s'est établie positive, mon manager m'a révélé son business de caisses. La technique reste la même dans tout les cas, on tape pas la commande et on fait le calcul de tête, le client paye en liquide, on lui rend la monnaie exacte et on garde le reste. Plus risqué: taper la commande et la laisser en mémoire pour l'effacer au client suivant (les effacement sont mémorisés, trop et vous êtes soupçonné de quelque chose), ou encaisser en carte bleue et se servir ensuite en monnaie (ça peut passer sur la ventilation), ou encore ne taper qu'une partie de la commande. Enfin, il existe toute une série de bidouillages inimaginables mais toutes comportent le même et seul risque: l'argent, un soupçon, des billets, des pièces dans une poche, ça craint. Alors M. a trouvé! Il s'est mit en combine avec deux collègues et quand ces deux derniers sont en caisse, ils se contentent de faire marcher leurs techniques habituelles, sauf qu'ils ne prennent pas l'argent sur eux, tout reste dans la caisse! Ca passe inaperçu si on est pas derrière. A la fin, quand M fait son dépôt, il compte la caisse et déclare ce qui a été commandé, le surplus c'est 50/50 pour lui et le caissier. Fûté le mec. Et parfois ils se font jusqu'à 100 euros dans une bonne soirée. Trés sérieusement, clope au bec, M me demande si je suis intéressée pour rentrer dans leur business. Le fait qu'il soit manager et que rien ne sort des caisses tant qu'il ne les compte pas est un avantage et une sécurité et puis comme il le dit si bien, on a des payes de merde et guy, des couilles en or, alors, hein, bon, voila. Pour en revenir au sujet de base, il est quand même épatant de constater la confiancce avec laquelle tous me délivent leurs secrets. Je pourrais balancer, je pourrais lécher le cul des sup', peut être même que je serais récompensée pour ça mais nan, ils font preuve d'outrecuidance et me crachent tout leurs p'tits trucs sans pudeur. Reste à voir si une combinaison de ma carrière dans la restauration avec celle dans le vol est possible et lucrative. Affaire à suivre.

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Commentaires
M
Dans tout les cas il est foutu, qu'il me tienne ou non par les burnes, lui est manager et a beaucoup plus à perdre que moi dans cette histoire. Me faire virer est encore la meilleure chose qui puisse m'arriver
N
Vicieux comme truc. Tu rentres pas dans sa combine, y risque de te voir comme une balance potentielle (innocence de Candy décérébrée ou pas), et si t'acceptes, y pourrait bien te tenir par les burnes... si on pousse la réflexion.
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